[INTERVIEW] Chrystel Duchamp


INTERVIEW DE CHRYSTEL DUCHAMP
Bonjour à toutes et à tous, j'ai eu la chance de pouvoir interviewer Chrystel Duchamp, l'auteure du très bon thriller "L'Art du Meurtre" paru aux éditions de L'Archipel. Sans plus attendre, voici le résultat de ce "questions/réponses" :

Ton roman « L'art du meurtre », qui sort bientôt au format poche (Archipoche, 7 janvier 2021) est tout d'abord paru aux éditions l'Archipel. Peux-tu nous le présenter ?
Avec plaisir ! Voici le pitch : le corps de Franck Tardy est retrouvé dans son luxueux appartement du XVIe arrondissement. Cet avocat à la retraite a été torturé, mutilé, puis assis à une table dressée pour un banquet. Les enquêteurs découvrent que l'homme fréquentait les clubs sadomasochistes de la capitale et qu’il était un fervent collectionneur d’art. Quand le corps d'un autre collectionneur – dont la mort a été soigneusement mise en scène – est retrouvé, le doute n'est plus permis : un tueur en série est à l'œuvre.


Ton roman est vraiment très bon, de l'intrigue à la construction. Quelle est ta recette ? Tu as déjà une bonne idée de ce que tu veux écrire, ou cela vient-il par instinct lors de l'écriture ? (intrigue, sujet, personnages, fin…)
Merci pour le compliment ! Plutôt que « recette », je préfère « méthode ». Il n’en existe pas qu’une : chaque auteur possède la sienne et suit ses propres codes. En ce qui me concerne, mon point de départ est l’envie de traiter un sujet qui me tient à cœur ou m’interroge. L’art, par exemple, dans le cas de « L’art du meurtre ». Puis je réfléchis à un pitch global. Il se résume à deux ou trois phrases : une situation initiale et une chute finale. J’imagine ensuite quels personnages pourraient évoluer dans mon récit et où l’intrigue pourrait se dérouler. La suite du processus n’est pas figée et évolue avec le temps. Pour « L’art du meurtre », mon premier roman, j’ai composé mon intrigue au fil de l’écriture. Pour mon deuxième roman à paraître, j’ai réalisé un plan global du récit. Pour le troisième en cours d’écriture, j’ai rédigé une structure narrative très précise. Plus j’écris, plus je ressens le besoin de préparer mon intrigue en amont. En revanche, il y a une chose à laquelle je ne déroge pas : l’intuition. J’aime garder une certaine liberté et me laisser entraîner par mes personnages et mon histoire. C’est dans cette spontanéité que je prends du plaisir.


Peux-tu nous dire pourquoi avoir choisi l'art contemporain comme sujet principal ou, devrais-je dire, comme personnage à part entière de ton thriller ?
J’aime beaucoup la terminologie que tu as utilisée : « personnage à part entière ». Le milieu de l’art contemporain me fascine depuis toujours. Lorsque j’étais étudiante en arts appliqués, j’ai été profondément choquée par une œuvre de la biennale de Lyon : « Sod & Sodie Sock » de Paul McCarthy. Je décris d’ailleurs cette installation-performance dans mon livre. Dès lors, la problématique « jusqu’où un artiste peut-il aller au nom de l’art ? » n’a cessé de me hanter. Il y a quelques années, j’ai écrit une nouvelle qui proposait une réponse à cette question. Avec « L’art du meurtre », je suis allée plus loin dans ma réflexion. Depuis la nuit des temps, les artistes s’interrogent sur la mise en images de la souffrance et de la mort. Les adeptes de l’art corporel extrême se placent en tête de cette réflexion puisque la douleur fait partie intégrante de leur démarche. J’ai donc décidé d’établir un parallèle entre cette violence et celle dont peuvent faire preuve les tueurs en série. La violence subjugue. Et dans un thriller, les lecteurs – dont je fais partie – se délectent des meurtres sanglants. Alors quoi de mieux qu’un assassin qui magnifie ses crimes ?


« L'art du meurtre » est-il un roman unique ou comptes-tu poursuivre sous forme de série ?
Ce n’est pas prévu. Je préfère les one-shot. J’aime l’idée de reconstruire un nouvel univers à chaque roman. Je ne reprendrai donc pas les personnages de « L’art du meurtre ». Pourtant, les lecteurs insistent pour retrouver Audrey et Patricia. C’est plutôt flatteur !


La situation sanitaire en 2020 a fait que le monde du livre (comme bien d'autres secteurs) a été touché. Qu'en penses-tu ?
Cela joue t-il beaucoup sur les ventes ou encore sur ton envie d'écrire ? Oui, cette situation très critique a beaucoup joué sur les ventes. En ce qui me concerne, « L’art du meurtre » avait connu un bon démarrage en janvier. L’Archipel avait déployé une belle campagne publicitaire pour promouvoir le roman, les libraires me soutenaient et les critiques presse/blog étaient excellentes. Hélas, les librairies ont fermé en mars ce qui a fortement pénalisé les ventes. Et la reprise en mai a été difficile car de nombreux romans se sont retrouvés sur le marché en même temps. Mais je reste positive : « L’art du meurtre » a été très bien accueilli et ma maison d’édition me soutient énormément. C’est encourageant ! Concernant l’écriture, je n’ai pas été très productive pendant le confinement. J’étais paralysée par ce qui se passait. Et puis l’envie est revenue. Elle revient toujours…


As-tu des influences pour écrire (auteurs, livres, musiques, films, peintures…) ? Si oui, lesquelles ?
Un journaliste me demandait récemment si le fait de comparer mon livre au film « Seven » ne me chagrinait pas : « N’est-ce pas fatiguant d’être comparé à quelqu’un plutôt que reconnu pour ce qu’on est ? ». Ma réponse : « Pas du tout ! ». Nos influences font partie de nous. Elles nous composent. Il ne faut pas copier, bien sûr, mais créer avec ce qui nous influence. D’ailleurs ,pour la petite anecdote, je n’ai jamais vu « Seven », même si Fincher est mon réalisateur préféré ! Pour l’écriture, ce sont Jean-Christophe Grangé et Lovecraft qui m’inspirent le plus. D’une manière globale, dès que je lis un roman, je décortique le style de mes confrères. C’est important pour progresser. Je suis aussi très inspirée par la musique. Des mélodies peuvent faire surgir des histoires ou des scènes dans mon imagination. J’aurais adoré réaliser des clips. Le cinéma et les séries sont aussi des sources d’inspiration. Lors de l’écriture de mon second roman, j’ai visionné « The Haunting of Hill House » dont l’atmosphère m’a beaucoup influencée.


Puisque tu évoques ce second roman : peux-tu nous en dire plus ou cela reste secret pour le moment ?
Je préfère ménager le suspens mais, parce que c’est toi, je veux bien donner quelques infos ! Mon second roman paraîtra le 14 janvier 2021 aux éditions l’Archipel. C’est un huis-clos familial très sombre. C’est différent de « L’art du meurtre », tant dans le sujet que dans la construction, même si on retrouve, bien sûr, ma patte ! Je pense avoir pris un certain risque, mais je ne voulais pas reproduire les codes du premier et essayer plutôt de me réinventer. Et de surprendre !


Autre chose que tu aimerais dire au sujet de ton livre ou simplement un mot de la fin ?
Merci à toi d’avoir mis en lumière mon travail. Je sais que tu es très suivi sur les réseaux sociaux, notamment par des blogueurs et blogueuses qui m’ont beaucoup soutenue lors de la parution de « L’art du meurtre » et je voudrais aussi les remercier. Je le dis sans démagogie. Tu me connais : c’est ma façon d’être. Je suis aussi énormément touchée par les témoignages de libraires et lecteurs. Tous ces mots sont un moteur formidable pour l’auteure que je suis.

__________________________________________________
Voilà, ce fût une très belle expérience que d'en savoir plus sur "L'Art du Meurtre" ainsi que sur la manière de fonctionner de l'auteure.
Chrystel, je te remercie sincèrement de t'être prêtée au jeu et suis ravi, mille mercis pour tes réponses et pour le temps que tu y as consacré.

Pour aller plus loin :
Lire la chronique du livre : "L'Art du Meurtre"que vous pouvez vous procurer dans toutes les bonnes librairies dès maintenant.
La page Instagram de l'auteure : @chrystel.duchamp
Le site des éditions de L'Archipel

Commentaires

Articles les plus consultés ce mois-ci